Les hôtels classiques vous barbent? Il existe un tas d’endroits insolites où passer une nuit dans le monde: vous pouvez dormir dans un arbre au milieu de la jungle, dans un hôtel sous la mer… Mais la nouvelle tendance est aux bidonvilles. En effet, depuis quelques années, les tours opérateurs et hôteliers s’intéressent aux bidonvilles pour séduire des touristes à la recherche d’expériences insolites ou qui sont peut-être tout simplement en quête d’authenticité. Zoom sur ces deux types de bidonvilles qui attirent des gens du monde entier.
Les favelas de Rio de Janeiro
Rocinha, la plus grande favela de Rio de JaneiroA Rio de Janeiro, les bidonvilles brésiliens sont appelés des « favelas ». Dans cette mégalopole brésilienne, on compte près de 900 favelas différentes où vivent 1/3 de la population urbaine à Rio. C’est l’absence de logements sociaux qui a poussé ces millions de gens à se créer des habitations de fortune, formant de larges zones urbaines défavorisées et en marge de la société. Les logements sont construits avec ce que les gens trouvent dans les rues et le confort y est très sommaire (pas d’eau courante, pas d’électricité, de chauffage). Ses habitants vivent souvent dans l’insalubrité. Et comme si cela ne suffisait pas, les narcotrafiquants qui sont à la tête des favelas sont souvent chassés par des commandos d’intervention brésilien comme la BOPE (Bataillon des opérations spéciales de police), aux attaques musclées et meurtrières. Vu comme ça, on a pas vraiment envie d’y rester pour une nuit, voir même une seule seconde.
Mais les favelas, ça n’est pas que ça. Les gens qui y vivent sont plein d’espoir, et se battent comme ils le peuvent pour s’en sortir. Ce combat en a inspiré plus d’un parce que les favelas, c’est aussi une culture urbaine forte, populaire et vivante. Un essor artistique qui fait contrepoids au climat de violence et de précarité ambiant et qui attire: La Rocinha, plus grande favela de Rio, recevrait plus de 3500 touristes par mois depuis quelques années. Ce tourisme dit « de la pauvreté » a été initié par les tours opérateurs il y a une quinzaine d’années, rendu possible par de nombreuses actions policières pour débarasser les favelas des narcotrafiquants. Mais même dans ces nouvelles favelas pacifiées, il est déconseillé pour un étranger d’y entrer seul.
La grande nouveauté, c’est d’y dormir. Depuis quelques années, c’est un business qui fleurit dans les favelas. Un des grands pionniers, l’auberge de jeunesse Pousada Favelinha a ouvert ses portes dans la favela Pereirão da Silva qui reste assez tranquille et sécurisée, donnant une vue imprenable sur Rio et l’Atlantique.
Les townships de l’Afrique du Sud
Les bidonvilles d’Afrique du Sud sont appelés les townships. On en parle souvent comme des « restes de l’apartheid ». On y trouve principalement des personnes de couleur: les noirs, les Coloured et des travailleurs indiens, entre autre. Au total, près de 12 millions de personnes vivent dans ces townships pour 51 millions d’habitants en Afrique du Sud. Comme les favelas, les townships sont synonyme de précarité et de misère, mis en marge d’une société sud-africaine en essor. C’est à Soweto (South Wester Township) qu’un jeune natif de ce bidonville, Lebo, a ouvert son « backpackers » (auberge de jeunesse). Le Soweto Backpackers propose une expérience unique au coeur du plus grand township d’Afrique du Sud et de Johannesbourg avec ses 900 000 habitants. De nombreux européens et américains y viennent pour découvrir la vie du township et se mêler à la population: balades à vélo, parties de foot avec les jeunes, convivialité et authenticité. On ne peut pas en dire autant de certains hôteliers aux intentions bien moins honorables, intéressés par le tourisme de la pauvreté: l’Emoya Hôtel aurait construit un faux bidonville avec wifi et chauffage au sol pour y accueillir les touristes « en mal de pauvreté », à 80€ la nuit soit le salaire médian sud-africain…
Ces nouvelles pratiques posent de nombreuses problématiques sur le voyeurisme, et les enjeux d’un tel tourisme. Pendant que les hôteliers et autres tours opérateurs s’en mettent plein les poches, quels sont les réels avantages et bénéfices pour ces populations vivant dans la misère?
Et vous, ça vous tenterait de dormir dans un bidonville?